Alors que les premières feuilles commencent à jaunir et que l’air matinal se rafraîchit, une activité frénétique s’empare des parcs et jardins.
Les écureuils roux et écureuils gris multiplient leurs allers-retours entre les arbres, transportant précieusement noisettes, glands et autres trésors dans leurs joues gonflées.
Cette période cruciale de l’année détermine leur survie durant les mois difficiles qui approchent.
Votre aide peut faire toute la différence entre la vie et la mort pour ces petits mammifères attachants.
Le mois de septembre marque le début de la course contre la montre pour nos amis à queue touffue. Contrairement aux idées reçues, ils ne hibernent pas mais restent actifs tout l’hiver, puisant dans leurs réserves soigneusement constituées pendant l’automne. Chaque graine, chaque fruit à coque représente une chance supplémentaire de traverser les périodes de gel et de neige.
Pourquoi septembre est-il si critique pour les écureuils ?
La nature a programmé les écureuils pour qu’ils intensifient leurs activités de stockage dès la fin de l’été. Cette période correspond à la maturation de nombreux fruits et graines dont ils dépendent. Les châtaignes, noisettes, glands de chêne et faînes de hêtre tombent en abondance, offrant une fenêtre d’opportunité limitée dans le temps.
Un écureuil adulte doit constituer des réserves représentant environ 10 000 graines pour survivre à un hiver rigoureux. Cette quantité impressionnante s’explique par plusieurs facteurs : certaines cachettes seront oubliées, d’autres découvertes par des concurrents, et une partie des provisions pourrira ou germera avant d’être consommée.
Le comportement de thésaurisation
Les scientifiques ont observé que les écureuils utilisent une technique appelée « scatter hoarding » ou dispersion des réserves. Plutôt que de créer un seul grand garde-manger, ils disséminent leurs provisions en centaines de petites cachettes réparties sur leur territoire. Cette stratégie réduit les risques de tout perdre d’un coup.
Leur mémoire spatiale remarquable leur permet de retrouver environ 80% de leurs cachettes. Ils utilisent des repères visuels, olfactifs et même magnétiques pour localiser leurs trésors enfouis sous la terre ou dissimulés dans les anfractuosités des arbres.
Les gestes simples qui sauvent des vies
Votre jardin peut devenir un véritable garde-manger pour les écureuils en détresse. Voici les actions concrètes que vous pouvez entreprendre dès maintenant :
Planter des arbres producteurs de fruits à coque
Si vous avez l’espace nécessaire, la plantation d’un noisetier, d’un châtaignier ou d’un chêne représente un investissement à long terme pour la faune locale. Ces arbres produiront des aliments naturels pendant des décennies. Le noisetier commun (Corylus avellana) est particulièrement adapté aux petits espaces et produit des fruits dès sa troisième année.
Disposer des mangeoires spécialisées
Les mangeoires pour écureuils diffèrent de celles destinées aux oiseaux. Elles doivent être robustes, avec un couvercle pour protéger les aliments de la pluie, et positionnées à une hauteur d’environ 1,5 mètre. Placez-les près d’un arbre pour faciliter l’accès, mais suffisamment loin du tronc pour décourager les autres animaux.
- Noisettes fraîches : riches en lipides et protéines
- Graines de tournesol : faciles à transporter et nutritives
- Maïs séché : source d’énergie durable
- Cacahuètes non salées : appréciées mais à donner avec modération
- Glands : leur aliment naturel préféré
Créer des points d’eau accessibles
L’hydratation reste essentielle même en automne. Un simple récipient peu profond, régulièrement renouvelé, peut suffire. Veillez à le nettoyer fréquemment pour éviter la prolifération de bactéries. Une petite branche ou une pierre permettra aux écureuils de boire sans risquer la noyade.
Les erreurs à éviter absolument
Certaines bonnes intentions peuvent se révéler dangereuses pour les écureuils. Les amandes amères, les noyaux d’abricot et les aliments salés sont toxiques pour eux. Évitez le pain, les biscuits et autres produits transformés qui perturbent leur digestion.
Ne nourrissez jamais directement à la main, même si l’animal semble apprivoisé. Les écureuils restent des animaux sauvages pouvant transmettre des maladies ou infliger des morsures douloureuses.
Respecter les réglementations locales
Certaines communes ont mis en place des règlements concernant le nourrissage de la faune sauvage. Renseignez-vous auprès de votre mairie avant d’installer des mangeoires permanentes. Dans les parcs publics, cette pratique est souvent interdite pour éviter la surpopulation et les nuisances.
Comprendre les besoins nutritionnels spécifiques
Les écureuils ont besoin d’une alimentation riche en acides gras pour constituer leurs réserves de graisse corporelle. Ces lipides leur fourniront l’énergie nécessaire pendant les périodes où la nourriture se fait rare. Les protéines sont cruciales pour maintenir leur masse musculaire durant l’hiver.
| Aliment | Teneur en lipides | Avantages |
|---|---|---|
| Noisettes | 60% | Excellente source d’énergie, faciles à stocker |
| Graines de tournesol | 49% | Riches en vitamine E, bon rapport qualité-prix |
| Châtaignes | 3% | Riches en amidon, constituent une base alimentaire |
L’impact écologique de votre aide
En aidant les écureuils, vous participez à la préservation d’un maillon essentiel de l’écosystème. Ces petits mammifères jouent un rôle crucial dans la dispersion des graines et la régénération forestière. Leurs oublis involontaires permettent la germination de nouveaux arbres, parfois à plusieurs kilomètres de l’arbre parent.
Une population d’écureuils en bonne santé contribue à réguler certains insectes nuisibles. Bien qu’ils soient principalement granivores, ils complètent leur régime avec des œufs d’insectes, des larves et parfois même de petits invertébrés.
Les signes d’une population en difficulté
Plusieurs indicateurs peuvent vous alerter sur l’état de santé des écureuils de votre secteur. Une diminution notable de leur activité, des animaux amaigris ou des comportements inhabituels comme la recherche de nourriture en pleine journée peuvent signaler un problème.
Les années de glandée faible – lorsque les chênes produisent peu de glands – représentent un défi particulier. Ce phénomène naturel cyclique peut décimer les populations locales si aucune source alimentaire alternative n’est disponible.
Adapter votre aide selon les espèces présentes
L’écureuil roux européen (Sciurus vulgaris) et l’écureuil gris américain (Sciurus carolinensis) n’ont pas exactement les mêmes préférences alimentaires. L’écureuil roux privilégie les graines de conifères et les noisettes, tandis que son cousin gris préfère les glands et les noix.
Observez attentivement les visiteurs de votre jardin pour adapter votre offre alimentaire. La cohabitation entre ces deux espèces reste délicate dans certaines régions, l’écureuil gris ayant tendance à dominer son cousin roux.
Favoriser la biodiversité locale
Votre action en faveur des écureuils peut s’inscrire dans une démarche plus large de préservation de la biodiversité. Laissez quelques zones de votre jardin en friche, conservez les tas de feuilles mortes et évitez les pesticides qui contaminent la chaîne alimentaire.
Les haies champêtres composées d’essences locales offrent gîte et couvert à de nombreuses espèces. Aubépine, prunellier, sureau et cornouiller produisent des fruits appréciés par la faune tout en créant des corridors écologiques essentiels.
Votre geste aujourd’hui peut sauver des vies demain. En prenant quelques minutes pour installer une mangeoire ou planter un noisetier, vous offrez aux écureuils de votre quartier une chance supplémentaire de traverser l’hiver. Ces petites créatures pleines de vie sauront vous le rendre par leur présence joyeuse et leurs acrobaties quotidiennes qui égayent nos jardins même par les journées les plus grises.
